Nepal : l'insurection generale

Romandie news > Votre dépêche


Népal: manifestation bravant le couvre-feu réprimée brutalement
KATMANDOU - Une centaine de personnes ont été blessées à Katmandou où la police a tiré sur des manifestants pro-démocratie. Les partis d'opposition et les rebelles maoïstes ont rejeté des concessions proposées par le roi Gyanendra.

Plus de deux semaines après le début du mouvement de contestation, 200 à 300'000 personnes ont défié le couvre-feu et la police anti-émeutes lors de cette nouvelle journée de protestation dans la capitale népalaise.

Les manifestants sont allés samedi plus loin dans le centre de Katmandou qu'à aucun autre moment depuis le début du mouvement de protestation contre le roi il y a plus de deux semaines. La police a ouvert le feu à au moins deux endroits, à un kilomètre seulement du palais royal, pour disperser les manifestants.

Cent cinquante personnes ont été blessées, ont rapporté les partis politiques. Au moins une centaine de manifestants ont été admis à l'hôpital avec des blessures provoquées, souvent à la tête, par des balles, des tirs de gaz lacrymogènes ou des coups, a déclaré le Dr Sarita Pandey, du Kathmandu Model Hospital. Douze d'entre eux étaient dans un état critique, a-t-il ajouté.

Les manifestants ont brûlé des pneus et jeté des pierres avant de marcher vers le centre de Katmandou. "Nous devons faire partir le roi du Népal. C'est ce que nous exigeons", s'est exclamé un manifestant, un sympathisant des maoïstes qui a requis l'anonymat.

De très nombreux habitants s'étaient massés le long des artères pour encourager les protestataires et les asperger d'eau afin de les aider à supporter la chaleur, bravant le couvre-feu avec ordre de tirer à vue de nouveau imposé samedi à Katmandou, de midi à 20h00 (08h45 à 16h45 en Suisse). Mais la pluie qui tombait dans l'après-midi a obligé la foule à se mettre à l'abri.

"Nous ne pouvons en aucun cas nous rallier au gouvernement et la grève générale et les manifestations pacifiques vont se poursuivre", a averti l'alliance des principaux partis politiques de l'opposition.

Les maoïstes, qui combattent le pouvoir depuis 10 ans dans une guérilla, ont eux aussi opposé une fin de non-recevoir à ce qu'ils ont qualifié de "conspiration féodale".

Le roi Gyanendra, qui s'est arrogé en février 2005 les pleins pouvoirs, avait annoncé vendredi qu'il voulait rendre le pouvoir au peuple et avait demandé aux partis de désigner un premier ministre.

(ats / 22 avril 2006 18:07)

L'opposition népalaise désigne un Premier ministre
Les sept partis de l'opposition démocratique au Népal ont annulé leur grande manifestation prévue ce mardi à Katmandou au lendemain de la décision surprise du roi Gyanendra de rétablir, sous la pression de la rue, le parlement dissous en 2002.

L'alliance, qui regroupe sept formations, a désigné l'ancien Premier ministre Girija Prasad Koirala pour former le prochain gouvernement.

"Il fait l'objet d'un consensus de tous les partis", a affirmé Madhav Kumar Nepal, secrétaire général du Parti du congrès, principale formation politique du royaume himalayen.

Lundi soir, le monarque, accusé d'absolutisme depuis qu'il s'est arrogé les pleins pouvoir le 1er février 2005, avait annoncé la restauration de l'assemblée élue.

Il s'agissait de l'une des principales revendications de la coalition des sept principaux partis, à l'origine des manifestations organisées depuis trois semaines.

La grande manifestation prévue ce mardi à Katmandou a été transformée en "défilé de la victoire" par l'opposition, dont les membres ont laissé éclater leur joie aux premières heures de la journée après l'allocution du roi Gyanendra.

On attend des centaines de milliers de personnes dans les rues de la capitale, en proie depuis quelques semaines à un "printemps démocratique" qui a paralysé le pays et fait plier le monarque.

"Nous avons annulé la grève générale et les manifestations de protestation", a expliqué Khrishna Prasad Sitaula, porte-parole du Parti du congrès. "La manifestation prévue aujourd'hui a été transformée en défilé de la victoire. Cela restera dans l'Histoire comme un nouvel exemple d'un mouvement de protestation pacifique et sera déterminant pour l'avenir du Népal", a-t-il ajouté.

La vie a repris mardi un cours presque normal dans la capitale à l'issue de près de trois semaines de couvre-feu, de manifestations durement réprimées par les forces de sécurité et de grève générale. On a relevé au total 12 personnes et des centaines de blessés.

Mais les policiers antiémeutes étaient toujours déployés mardi aux carrefours et l'armée était présente en ville.

"Cette victoire est celle du peuple. Longue vie à la démocratie!", ont scandé les Népalais descendus par centaines dans les rues de Katmandou et de plusieurs villes du pays.

"Par cette déclaration, nous rétablissons la Chambre des représentants qui avait été dissoute le 22 mai 2002", avait déclaré à la télévision nationale le roi Gyanendra, qui va convoquer le parlement dissous vendredi pour une première séance.

"Nous demandons à l'alliance des sept partis politiques de prendre la responsabilité de mener le pays sur la voie de l'unité nationale et de la prospérité, tout en garantissant la paix permanente et le multipartisme", avait-il déclaré.

Le monarque, réincarnation sur Terre de la divinité Vishnu, n'a toutefois pas fait mention de l'élection d'une assemblée constituante, chargée de rédiger une nouvelle loi fondamentale, comme le réclame l'opposition. Mais il s'est dit d'accord avec la "feuille de route" des partis politiques et des rebelles maoïstes.

Gyanendra a en revanche exprimé pour la première fois une pensée pour les victimes des 19 journées de contestation. "Nous présentons nos condoléances pour tous ceux qui ont perdu la vie au cours de ce mouvement populaire et nous souhaitons un prompt rétablissement à tous ceux qui ont été blessés."

Les Etats-Unis ont également salué l'initiative. "Nous pensons que le roi doit maintenant remettre le pouvoir aux partis et assumer un rôle cérémoniel dans la gouvernance de son pays", déclare Adam Ereli, porte-parole du département d'Etat dans un communiqué.

Gyanendra avait proposé la semaine dernière de confier les pouvoirs exécutifs à un Premier ministre désigné par l'opposition, un geste jugé insuffisant par cette dernière.

Dans sa dernière allocution, il s'est dit "convaincu que l'autorité de l'Etat et la souveraineté du royaume trouvaient leur source au sein du peuple népalais", ajoutant qu'il avait tiré les enseignements du mouvement populaire en cours".

Les rebelles maoïstes, qui avaient conclu un accord avec les partis politiques pour le rétablissement de la démocratie, n'ont pas fait connaître leur réaction pour le moment. Mais un activiste a déclaré que les insurgés espéraient que les députés se prononceraient pour une assemblée constituante.

25 Apr 2006

>Source<

La stratégie « républicaine » au Népal s'est effondrée, comme c'était prévisible et annoncé

Dans un communiqué du 22 avril, Prachanda a affirmé:

« Dans la période historique actuelle, alors que le mouvement républicain populaire est en train d'aller à son point le plus haut, notre parti appelle spécialement les soldats de l'armée « royale » et la police à faire preuve de réel patriotisme en se plaçant du côté du peuple et contre les traîtres à la nation et le boucher féodal. La défaite du boucher féodal et la victoire du peuple est imminente et assurée. »

Mais il a suffit que deux jours plus tard le roi rétablisse le parlement pour que la prétendue « alliance républicaine » s'effondre et que les « 7 partis démocratiques » acceptent l'invitation du roi à regagner leur place au parlement, sans le PCN (m).

Toute la stratégie du Parti communiste du Népal (maoïste) s'est effondrée comme un château de cartes - même pas deux jours après que Prachanda affirme que la « victoire du peuple » est imminente et assurée.

Tout cela s'est déroulé exactement comme nous l'avions prévu et analysé dans les documents :

--La révolution népalaise à un tournant : oser le nouveau ou "réformer" le pays?
--Népal : mener la révolution jusqu'au bout, ou bien tomber sous les balles enrobées de sucre?
--Népal : Prachanda, adepte du révisionnisme moderne

Nous avions expliqué que la ligne de Prachanda était une ligne du type « tout par le front, tout pour le front », nous avons montré comment cette ligne exprimait un rejet des principes de direction du Parti communiste, comment il y a d'énormes problèmes d'économie politique pour avoir considéré comme possible une alliance avec « 7 partis démocratiques » historiquement farouches ennemis des révolutionnaires.

Certains n'ont pas voulu écouter, ils se sont cru plus forts que les enseignements de Marx, Engels, Lénine, Staline, Mao Zedong; ils ont tellement été imbus d'eux-mêmes qu'ils ont même cru « inventé » une nouvelle idéologie ultra démocratique.

Toutes ces illusions sont balayées par l'histoire. Il ne reste plus pour eux que l'autocritique ou alors l'effondrement et la chute dans les poubelles de l'histoire.

Ces gens-là prétendaient également au travers de leur organe le « Mouvement de Résistance des Peuples du Monde » qu'il n'y avait pas de maoïstes en France et poussaient à la constitution en France d'un « parti communiste » qui serait le laquais de ces conceptions et qui servirait de faire-valoir international aux PC révolutionnaires des USA et du Canada, au Comité du Mouvement Révolutionnaire Internationaliste.

Ils se sont crus les apprentis sorciers manageant la révolution mondiale depuis leur tour de contrôle - ils n'auront été que des contrebandiers idéologiques.

Prachanda a voulu jouer les Lénine, puis au moins les Kerensky - il ne sera rien de tout cela car l'histoire n'a pas de temps pour ses fantasmagories.

L'histoire n'a jamais de temps pour aucune fantasmagorie.

Pour le PCMLM, avril 2006.

25 Apr 2006

>Source<

Les maoïstes rentrent dans le rang

La rébellion maoïste du Népal a fait un geste mercredi en levant le blocage d'importants axes routiers du pays, tout en donnant deux jours aux partis politiques pour entamer la réforme de la Constitution au Parlement.

"Nous avons retiré notre appel à un blocus, jusqu'à la première séance du parlement", a annoncé aujourd'hui Prachanda, le chef de l'insurrection maoïste.

L'opposition avait auparavant invité les insurgés, qui ont pris les armes il y a dix ans, à rentrer dans le rang en suspendant leur appel à bloquer la capitale et les villes de province.

Cette décision conforte le processus de sortie de crise dans le royaume himalayen, paralysé depuis une vingtaine de jours par de grandes manifestations et des grèves visant à dénoncer la dérive autoritaire du monarque.

Les sept partis de l'opposition démocratique ont obtenu du roi, qui s'était octroyé les pleins pouvoirs en février 2005, le rétablissement dans ses droits du parlement dissous en 2002. Gyanendra a également accepté de nommer un Premier ministre issu des rangs de l'opposition démocratique.

Il s'agira, selon toute vraisemblance, du président du Parti du congrès népalais (NC), Koirala. Le parlement devrait se réunir pour la première fois depuis quatre ans vendredi.

Katmandou a retrouvé un visage normal, les transports en commun fonctionnent à nouveau, les touristes ont pu reprendre possession des rues et des commerces de la capitale.
Cessez-le-feu

Les rebelles maoïstes sont partisans d'une assemblée constituante chargée de rédiger une nouvelle loi fondamentale et d'examiner l'avenir de la monarchie. La rébellion, qui contrôle une bonne partie des provinces, s'est déjà soldée par plus de 13000 morts.

"L'Etat devrait prendre le premier l'initiative et décréter un cessez-le-feu", a suggéré Amrit Kumar Bohara, l'un des dirigeants du Parti communiste du Népal, deuxième formation politique du royaume. La direction du NC, première formation de l'alliance des sept qui ont mené la bataille du "printemps de Katmandou", partage ce sentiment.

L'alliance prévoit d'organiser un grand rassemblement jeudi, à la veille de la session parlementaire, au coeur de Katmandou pour fêter leur victoire avec, pour orateurs, les dirigeants des grands partis.

26 Apr 2006

Les maoïstes népalais décrètent un cessez-le-feu de trois mois

Les rebelles maoïstes népalais ont décrété un cessez-le-feu unilatéral de trois mois à compter de jeudi et demandé la réunion d'une assemblée spéciale pour donner au royaume une nouvelle constitution.

"Notre Armée populaire de libération ne mènera aucune action militaire offensive pendant cette période et s'en tiendra à une attitude défensive", a déclaré dans un communiqué Prachanda, le chef des rebelles.

"Notre parti pense que cette déclaration est conforme aux aspirations de la rue à une assemblée constituante, à une république démocratique et à la paix".

Les maoïstes ont pris les armes en 1996 pour renverser la monarchie népalaise. Cette guerre civile a fait 13.000 morts.

Les rebelles avaient décrété une première trêve en septembre. Mais ils ont repris leur guérilla en janvier en accusant les autorités de ne pas s'y tenir.

Mais les maoïstes respectent déjà un cessez-le-feu illimité dans la vallée de Katmandou. Celui-ci avait pour but de permettre la mobilisation contre le roi d'une alliance de sept partis politiques.

Mercredi, les rebelles ont conforté le processus de sortie de crise dans le royaume en levant à titre temporaire le blocus de Katmandou à la suite du recul du roi Gyanendra.

Le Népal a été paralysé durant une vingtaine de jours par des manifestations et des grèves visant à dénoncer la dérive autoritaire du régime.

Mardi soir, les manifestants ont obtenu du roi, qui s'était octroyé les pleins pouvoirs en février 2005, le rétablissement dans ses droits du parlement dissous en 2002. Gyanendra a également accepté de nommer un Premier ministre issu des rangs de l'opposition démocratique.

"Si la première réunion du parlement ne débouche pas sur une décision positive sur la déclaration d'une assemblée constituante, nous serons obligés de réimposer notre blocus", avait dit Prachanda dans un premier communiqué.

Chef de file du plus grand parti népalais et quatre fois Premier ministre, Girija Prasad Koirala devrait de nouveau être investi à la tête d'un gouvernement par le roi.

Le vétéran de la politique népalaise, âgé de 84 ans, avait exhorté les maoïstes à lever leur blocus.

27 Apr 2006